Comment Belfort resta français
Le 13 février 1871, Denfert-Rochereau qui dirige le siège de Belfort reçoit une dépêche du gouvernement autorisant la reddition alors que les troupes belfortaines résistent depuis 103 jours et qu’un armistice a déjà été conclu à Paris depuis le 28 janvier avec l’Empire allemand.
Ainsi, le 13 février à 23 h c’est le cessez-le-feu. Les troupes françaises évacuent dès le 17 février et les soldats prussiens entrent dans la cité dès le 18 février à midi.
Pour les Belfortains, une question demeure : Belfort va-t-elle rester française ?
La réponse à cette question en ce mois de février 1871 est incertaine. Les négociations entre Adolphe Thiers alors chef du pouvoir exécutif de la République française et Otto von Bismarck, le chancelier allemand, s’annoncent rudes.
Jamais je ne céderais Belfort !
Adolphe Thiers tient absolument à garder Belfort. Il raconte dans ses mémoires :« M. de Bismarck m’a dit, tout de suite, que cette place était en Alsace, et qu’il était décidé que l’Alsace entière devait passer à l’Allemagne. Pendant deux heures, tantôt menaçant, tantôt priant, j’ai déclaré que jamais je ne céderais Belfort… J’étais désespéré. M. de Bismarck, me prenant les mains, me disait : ‘’Croyez-moi, j’ai fait tout ce que j’ai pu, mais quant à vous laisser une partie de l’Alsace, c’est impossible’’ ». « Je signe à l’instant même, ai-je repris, si vous me concédez Belfort ».
Belfort plutôt que Paris !
Les négociations continuent jusqu’à ce que Bismarck lui dise finalement ; « J’ai une alternative à vous proposer. Que préférez-vous : Belfort ou la renonciation à notre entrée dans Paris ? » ; « Belfort, Belfort ! » s’écrie Adolphe Thiers. Il faut encore, lors d’une conférence internationale, déterminer le périmètre restant français autour de la ville. Les Prussiens proposent le rayon des servitudes de la place, soit 360 m depuis le pied des fortifications !
Les Français refusent et prônent un rayon de 5 à 7 km. Les Prussiens, finalement, préfèrent s’appuyer sur la ligne de démarcation des eaux du Rhône et du Rhin : ainsi ce sont 106 communes haut-rhinoises qui restent françaises, en échange de territoires lorrains riches en minerai de fer.