Documents marquants
La charte de franchises : de Besançon à Paris
La charte de franchises de mai 1307 est le document fondateur de la ville : socle politique, administratif, social de la vie municipale, sa bonne conservation a, de tout temps, été perçue comme essentielle.
Lors des périodes troubles, la municipalité n'hésite pas à mettre la charte à l'abri. Au XVe siècle, elle est mise en sécurité dans le trésor de la cathédrale Saint-Jean de Besançon. En 1787, la charte constitue une pièce essentielle d'un procès concernant la ville. Elle est donc confiée à l'avocat parisien chargé de l'affaire. Les Belfortains ne reverront plus jamais leur précieux document. Perdue dans la succession de l'avocat ? Réemployée pour la reliure d'un ouvrage ? Jusqu'à aujourd'hui, aucune enquête n'a permis d'en retrouver la trace.
Les Archives municipales conservent plusieurs copies de la charte, dont la plus ancienne date de 1332.
Les armoiries, une symbolique ancrée dans les siècles
La ville de Belfort a pour blason, sur fond bleu, une tour d'or, surmontée d'une girouette et entourée des lettres B et F. Cette symbolique marque la présence d'un château, et, indirectement, la force et le courage de la communauté qu'il abrite.
Cette représentation métaphorique est d'origine très ancienne comme en témoigne ce dessin à la plume daté de 1552. À quelques détails près, ce blason est identique à celui que nous connaissons aujourd'hui.
Le pentagone qui métamorphose la ville
Après le retour de Belfort à la France en 1648, il apparaît urgent de moderniser la ville et de la rendre plus sûre. Cette tâche est confiée à Vauban qui conçoit une place forte pentagonale au pied du château, fermée par des tours bastionnées (27, 41 et 46). Les travaux débutent en 1687. Deux portes donnent accès à la ville : la porte de Brisach et la porte de France (démolie en 1892). Le système défensif de Vauban sera sans cesse amélioré et complété jusqu'à la fin du XIXe siècle, notamment par l'adjonction de forts. La citadelle de Belfort est classée comme monument historique depuis 1907.
"Aux défenseurs de Belfort 1870-71"
Telle est la devise gravée au pied du Lion. En effet, c'est bien à la résistance héroïque de la ville qu'est dédiée l'œuvre de Bartholdi. Alors que la France capitule face à l'Allemagne le 26 janvier 1871, Belfort tient bon. Le siège dure depuis près de 3 mois mais les hommes du colonel Denfert-Rochereau tiennent tête aux troupes prussiennes. L'ordre de reddition tombe le 18 février. La garnison quitte alors la ville, en armes ! Ce courage maintes fois salué aura pour conséquence directe de conserver Belfort à la France : l'Allemagne obtient l'Alsace-Moselle mais concède la ville des Trois Sièges.
Le renouveau alsacien
L'Alsace allemande fait de Belfort une ville frontière. Cette position constitue une opportunité remarquable de développement économique. En effet, les industriels alsaciens, soucieux de conserver leurs débouchés français, prennent le parti de venir s'installer en France. Belfort accueille naturellement ces entrepreneurs dont les plus emblématiques sont la Société Alsacienne de Constructions Mécaniques (SACM, aujourd'hui Alstom) et Dollfus Mieg et Cie (DMC) qui s'installent à Belfort dès 1879. La ville connaît dès lors une expansion économique, démographique et urbaine sans précédent : de 8 000 habitants en 1872, elle passe à 32 000 en 1901.
Quatre années d'angoisse
Sa position stratégique conduit une nouvelle fois la ville vers un destin hors norme. Déclarée en état de siège dès le 3 août 1914, Belfort est placée sous contrôle militaire. Tout est organisé pour permettre à l'état-major de travailler dans les meilleures conditions. Première décision d'envergure : on évacue les "bouches inutiles". Du 4 au 15 août, 20 à 25 000 personnes sont contraintes de quitter la ville. Femmes, enfants, vieillards, détenus, malades… sont alors envoyés dans des villages d'accueil, dans les départements du Doubs, de l'Ain, du Jura et de l'Isère, pour l'essentiel. Ces personnes ne seront autorisées à réintégrer leur domicile qu'un an plus tard, en août 1915.
Au déracinement, à l'angoisse de ne plus jamais revoir un mari, un père, un frère, un fils, les belfortains ont dû vivre avec la peur des bombardements. Au total, plus de 700 bombes et obus furent tirés sur la ville au cours du conflit. Faisant proportionnellement peu de dégâts et provoquant la mort de "seulement" 17 personnes.
La Première Guerre mondiale a coûté la vie de près de 1400 Belfortains morts au combat.
Novembre 1944, enfin libres !
Le 18 juin 1940, le jour de l'appel du Général de Gaulle, Belfort tombe aux mains de troupes allemandes. Plus de quatre ans plus tard, à l'automne 1944, la situation semble désespérée. Maintes fois annoncée, longuement attendue, la libération n'arrive pas. Les troupes de la Première armée, après des efforts considérables, sont aux portes de la ville le 19 novembre au soir. Les Allemands livrent leurs dernières forces dans la bataille et finissent par quitter définitivement la place le 25 novembre. En ville, la joie est incommensurable, les belfortains sont en liesse. Ils peuvent de nouveau admirer le drapeau tricolore flotter au-dessus de la citadelle.
Drôle de centenaire
En septembre 1979, la direction d'Alsthom s'apprête à fêter son centenaire à Belfort en grandes pompes : journées portes ouvertes, banquet, réceptions des gros clients… Les employés espèrent de leur côté un coup de pouce salarial qui les mettrait au niveau de leurs camarades de Bull, Peugeot ou des autres usines Alsthom. Au lieu de quoi, ils se voient proposer un stylo, une montre, une bouteille de liqueur. Le 27 septembre, 2000 ouvriers débraient. L'usine est occupée, le centenaire annulé. La grève durera 58 jours !